L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana)

Publié le 17 Mars 2024

L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana)
L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana)
L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana)
L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana)

L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana)

Vous trouvez déjà ou trouverez bientôt cette Arabette de Thalius puisque le printemps est en avance cette année de plusieurs semaines. Le plus remarquable, ce sont ses feuilles lancéolées en rosette à la base et ses petites fleurs blanches. Cette plante est connue de tous les scientifiques sur Terre qui travaillent dans la génétique, la médecine, le domaine végétal ou animal. Aucune plante au Monde n’a autant fait avancer la recherche dans tous les domaines. Elle est toujours utilisée comme modèle pour la génétique.
Roland


Nom scientifique : Arabidopsis thaliana (L.) Heynh., 1842

Origine du nom : « Arabidopsis»  vient  de « arabis », arabette et «  opsis », « semblable à ». (En l’occurrence, ici semblable à Arabis hirsuta). Son nom d’espèce « Thalius », est en  l’honneur de Thal Johann  un physicien allemand (1542- 1583) qui pratiqua le premier la botanique descriptive. Il a décrit la flore de sa région (le Hartz)  et y a inclus pour la première fois les plantes délaissées car sans utilité alimentaire ou médicinale à l’époque. Il a décrit en particulier  cette arabette qui porte son nom à présent.

Autres noms communs français : Arabette rameuse, Arabidopsis de Thalius, Piloselle cresson

Noms en dialecte alsacien,: Schmalwand  en allemand Acker-Schmalwand, Schotenkresse oder Gänserauke

Noms anglais : thale cress, mouse-ear cress or arabidopsis

Date et lieu  de l’observation : le 7 avril à Sarrewerden  (67)

Famille de plantes: celle des Brassicacées ( la Cardamine des prés , la Capselle bourse-à-pasteur, l’Alliaire officinalela Cardamine hérissée, la Moutarde des champs, le Passerage champêtre, le Radis sauvage, le Tabouret perfolié  et des comestibles comme les choux,  le colza, moutardes ).

Cette famille est homogène. Les caractères de base  de la  plupart des genres européens sont :
 une symétrie  bilatérale d’ordre 4. Les 4 pétales et les 4 sépales sont libres et protègent les 6 étamines, 4 petites et 2 grandes.
Les fruits sont  très variés, de la forme d’un petit haricot à une pièce de monnaie (Monnaie du Pape) ou une petite bourse (Bourse à pasteur). La clé de reconnaissance des espèces repose en grande partie sur l’aspect des fruits de « très allongé » à « circulaire » et à leur segmentation interne.


Catégorie : plante annuelle, souvent ramifiée.

Hauteur : 4 à 30 cm de haut.

Tige: Elle est à section ronde et issue d’une racine  pivotante. Celle-ci émet de nombreuses radicelles formant un chevelu capable de former une association avec des bactéries pour puiser le phosphore dans le sol.

Feuilles : elles sont luisantes, elliptiques, aux dents peu marquées, en rosette à la base de la tige. Leur taille est de 1.5 à 5 cm de long pour 2 à 10 mm  de large. Sous les feuilles, les poils originaux apparaissent comme bifurqués à la loupe. Les quelques feuilles de la tige ne sont pas embrassantes contrairement à d’autres arabettes.

L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana) et sa localisation selon INPN
L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana) et sa localisation selon INPN
L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana) et sa localisation selon INPN

L’Arabette de Thalius, Fausse arabette de Thalius, Arabette des dames (Arabidopsis thaliana) et sa localisation selon INPN

 

Floraison : de mars à avril

Fleurs blanches,  de 3 mm de diamètre. Elles sont groupées en grappes denses à l’extrémité des feuilles. Les fleurs de cette arabette ont 4 pétales dressés, 4 sépales verts de 3 à 4 mm. Les  6 étamines sont typiques des brassicacées soit 4 grandes internes et 2 petites latérales. Le pistil se termine par un style et un stigmate unique.

Pollinisation
L’autopollinisation est prédominante  à 99.7%. Les 0.3% de croisement génétique avec d’autres plants seraient suffisants pour réparer les dommages subis par l’ADN et permettre à cette plante de se développer dans notre environnement depuis plus d’un million d’années presque sans l’aide des insectes.

Fruits : Ce sont des siliques grêles qui contiennent environ 50  minuscules graines. Leur dissémination est assurée par le vent (anémochorie).
 

Habitat : plante présente sur le bord des chemins, talus, éboulis, murs, terrains vagues. Elle croit  de préférence sur sols acides ou les sables arides.  Elle est présente dans toute l’Europe jusqu’en Afrique. Elle a été introduite en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en Océanie.
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Confusion possible : avec d'autres espèces de brassicacées aux fleurs blanches. Il existe d'autres arabettes dans d'autres régions comme l’Arabette de printemps  dans le Midi, Arabis verna (voir photos), l’Arabette des Alpes, Arabis alpina et d’autres.

Statut et réglementation: présente partout dans notre pays,  mais rarement en grande abondance. Elle ne bénéficie d’aucune protection légale.

Intérêt de cette plante pour la recherche et la génétique en particulier :
Cette plante est celle pour laquelle a paru le plus grand nombre d’articles scientifiques, sans doute des millions de pages. Elle est la première dont le patrimoine génétique a été décrypté en entier. Il est impossible de résumer ici tout le savoir généré par l’étude cette plante.

Pourquoi avoir choisi cette plante :
Dès 1948 l’Arabette de Thalius a été utilisée pour des recherches. L’intérêt de son utilisation pour les recherches est son cycle de vie très court : six semaines pour partir de la germination d’une graine, la floraison jusqu’ à la production de graines par cette nouvelle plante. Si on ajoute le fait que l’arabette est capable d’autofécondation et qu’il est possible de cultiver 1000 pieds sur un mètre carré, il est facile de comprendre son intérêt.
Des tests ont été menés avec elle dans la Navette spatiale à partir de 1997. Les derniers, en 2022 ont montré la possibilité d’utiliser un sol lunaire pour faire pousser des plantes en apesanteur. Dès 1998 elle est devenue la plante de recherche de référence pour la génétique.
La transparence des tissus de l’arabette permet le suivi des effets des éléments externes (luminosité, humidité, vent, pluie…), des métabolites, agents pathogènes, pesticides  et de ses organes, en temps réel. Ceci est facilité par les techniques de l’imagerie,  sous microscope et par ajout de colorants, ou de substances spécifiques. Elle a été choisie pour le premier décryptage complet d’un ADN car l’étendue de son patrimoine génétique est décrit par ses 54 millions de paires de bases. C’est un petit génome chez les plantes comparé à d’autres comme celui du blé, 100 fois plus grand.
De nombreux gènes ont pu être étudiés ainsi que leur relation dans le développement des différents éléments d’une plante :
formation des sépales, pétales, étamines, feuilles, poils…
Les chercheurs ont trouvé le moyen de faire intégrer de manière très facile à cette plante via une bactérie des gènes aux fins de recherche et aussi d’inactiver certains gènes ou encore d’étudier les mécanismes d’auto réparation de l’ADN, porte d’entrée pour guérir les cancers dans le futur. Il existerait ainsi  300 000 lignées de cette arabette dans les laboratoires avec des gènes différents ! Une partie des données sont compilées sur
The Arabidopsis Information Resource.
Les manipulations génétiques sont la porte ouverte à tout, au pire et au meilleur.
A titre d’exemple : une Arabette spécifique, clonée, est cultivée   sur un terrain miné. Les fleurs blanches changent de couleur en présence d’une mine. Incroyable non ? Cela faciliterait la possibilité du déminage dans les pays ravagés par les guerres.


Usage alimentaire : Cette plante est très petite et donc difficile à récolter. L’intérêt alimentaire est presque nul. Les jeunes  feuilles pourraient être mangées crues en salade (ou alors cuites si plus âgées), dans des potages ou en légumes. Elles sont amères et piquantes. Comme de nombreuses autres brassicacées dont les choux, il est préférable de les blanchir avant de les consommer.

Usage médicinal :
Il n’existe pas d’indication médicale pour cette plante sur wikiphyto.
En médecine traditionnelle, l’arabette était utilisée pour guérir l’asthme, les maladies de la zone bucco-pharyngée puisqu’elle a un pouvoir antiseptique.

Comme les autres plantes de sa famille, elle est riche en molécules actives comme les flavonoïdes, les glucosinates (autrefois dénommés hétérosides soufrés). La recherche pour trouver de nouvelles substances naturelles anti radicaux libres est en pleine expansion.

Il est connu par ailleurs, que les espèces de la  famille des brassicacées contiennent des composants anticancéreux.
Ce n’est pas l’une ou l’autre molécule qui est bénéfique mais le cocktail qui comprend des stérols, caroténoïdes, triglycérides insaturés et acides gras essentiels.
Il semble que l’abus de consommation de feuilles soit toxique pour les reins.



Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.


Texte,  photos, bibliographie  Roland Gissinger Relecture Bernard Weinzaepflen  (Anab)-




Bibliographie
Voir  index plantes
1/Article très complet sur les résultats des recherches génétiques de cette plante sur wikipedia en anglais
2/Centre John Ihnes – l’histoire d’Arabidopsis dans la recherche génétique, médicale et agronomique
3/The Impact of Arabidopsis on Human Health: Diversifying Our Portfolio Alan M Jones - 2011


Propriétés générales des brassicacées
4/Propriétés médicinales et composition en glucosinolates des brassicacées : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/13129476?dopt=Abstract
5/Isothiocyanates et action anticancéreuse : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4002831/
6/http://www.wikiphyto.org/wiki/Isothiocyanates
7/Thèse soutenue à Strasbourg sur la Recherche d'isothiocyanates à intérêts fonctionnel et technologique chez les Brassicacée

 

Arabette de printemps (Arabis verna) -vue à Bonnieux -Vaucluse et localisation INPN
Arabette de printemps (Arabis verna) -vue à Bonnieux -Vaucluse et localisation INPN
Arabette de printemps (Arabis verna) -vue à Bonnieux -Vaucluse et localisation INPN
Arabette de printemps (Arabis verna) -vue à Bonnieux -Vaucluse et localisation INPN

Arabette de printemps (Arabis verna) -vue à Bonnieux -Vaucluse et localisation INPN

Liste des brassicacées déjà traitées sur notre blog, cliquer sur le lien en bleu

Nom taxon franç Nom scientifique ab
Alliaire officinale Alliara petiolata
Arabette de Thalius, Arabette des dames, Fausse arabette de Thalius,  Arabidopsis thaliana 
Barbarée commune, Herbe de sainte Barbe Barbarea vulgaris
Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche  Berteroa incana
Capselle bourse-à-pasteur, Bourse-de-capucin Capsella bursa-pastoris
Cardamine amère Cardamine amara
Cardamine des prés,  Cresson des prés Cardamine pratensis
Cardamine flexueuse, Cardamine des bois Cardamine flexuosa
Cardamine hérissée, Cresson de muraille, Cardamine à tiges nombreuses Cardamine hirsuta
Drave printanière /de printemps Draba verna 
Julienne des dames Hesperis matronalis
Moutarde des champs, Raveluche Sinapis arvensis
Passerage champêtre, Passerage des champs Lepidium campestre
Ravenelle, Radis sauvage Raphanus raphanistrum
Sisymbre officinal, Herbe aux chantres Sisymbrium officinale
Tabouret perfolié ou Herbe aux écus  Microthlaspi perfoliatum

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs blanches, #Biodiversité de notre région

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T
Merci pour cet article très instructif et les belles photos. Ce qu'elle est magnifique, cette Arabette de printemps!<br /> On peut dire que l'attrait esthétique de l'Arabette de Thalius est inversement proportionnel à son importance scientifique.<br /> Je viens de cliquer sur tous les liens en bleu de la liste des brassicacées déjà traitées sur le blog ANAB. Juste pour en voir les photos. I<br /> Il faut vraiment être botaniste et observateur aguerri pour pouvoir les nommer à première vue!
Répondre
A
Merci Toll de ces commentaires et lectures.<br /> Tu as raison, certaines brassicacées se ressemblent beaucoup. Il faut donc un botaniste à portée de main ou se plonger dans une flore pour les identifier.<br /> Une fois identifiées et après les avoir vues plusieurs fois, c'est souvent très facile facile de les distinguer.<br /> Impossible de confondre la Cardamine hirsute avec les cardamines, flexueuse, amère, impatiente, de printemps, des prés... <br /> <br /> Roland