La Pâquerette vivace, Pâquerette (Bellis perennis)
Publié le 14 Janvier 2024
Difficile de faire plus commun que la Pâquerette. Vous reste-t-il des choses à découvrir sur cette plante?
Peut-être. Autre raison d’en parler, elle fleurit même en hiver, en ce moment, incroyable, non ?
Roland
Nom scientifique : Bellis perennis L., 1753
Origine du nom : « Bellis» ancien nom latin de cette plante pour certains. Pour d’autres il proviendrait du latin « bellus », élégant ou « bellum » la guerre, car c’est une plante qui était supposée avoir le pouvoir de guérir les blessures. Son « prénom » vient du latin « per annos», littéralement à travers les années, pérenne, vivace
Autres noms communs : Petite marguerite, Fleur de Pâques, Pâquerette des près.
Noms communs dialecte / allemand : Gänseblümchen, Mehrjähriges Gänseblümchen, Maßliebchen, Tausendschön, schweizerisch Margritli
Noms anglais : daisy (daisy est une contraction de « day’s eye », « œil du jour » car elle se ferme le soir.
Date de l’observation: plante trouvée le 30 décembre à Eywiller (67)
Famille de plantes : celles des Astéracées (anciennement Composées) qui comprend la marguerite, le bleuet, le pissenlit, les centaurées. Cette famille de plantes est particulière car la fleur est en fait un ensemble de fleurs réunies en une tête serrée, on dit un capitule. C’est une famille de plantes très évoluée. Elle se signale aux insectes comme une grande et seule fleur. L’insecte visite plusieurs fleurs sur chaque capitule et plusieurs capitules. Les fleurs sont souvent munies d’aigrettes ou parachutes que le vent transporte au loin. Le nombre de fleurs et les aigrettes donnent de grandes facultés de dissémination. L’occupation des sols par ces plantes est plus rapide que par la plupart des autres plantes. C’est pourquoi de nombreuses astéracées, d’origine exotique sont invasives.
Catégorie : plante vivace à fleurs ligulées et tubulées
Hauteur: 2 à 20 cm, mais le plus souvent inférieure à 10 cm.
Tiges et racines: plante à tige dressée, velue, issue d’une souche rampante.
Feuilles: elles sont persistantes, et toutes disposées en rosette à la base. Elles sont crénelées sur les côtés, velues, de forme spatulée et brusquement contractées en pétiole. Leur plus grande largeur varie de 2 à 3 cm et la longueur varie de 0.6 à 4 cm.
Fleurs: les fleurs au bout des tiges avec des capitules de 1,5 à 3 cm. Le centre est formé d’une centaine (75 à 125) de fleurs tubuleuses jaunes. Ce sont des fleurs complètes à 5 pétales soudés à la base, 5 étamines et un pistil dont l’extrémité est divisée en deux. La taille des fleurs rend ces fleurs peu visibles à l’œil nu.
Les fleurs de la périphérie, communément appelées « pétales » par les non botanistes sont des fleurs en forme de ligules et dites ligulées. Les ligules sont blanches, avec l’extrémité ou le dessous rose. Ces fleurs sont soit femelles, soit stériles.
Des maths :
Le nombre de ces fleurs en languette varie de 13 à 55. Particularité, le nombre de fleurs trouvé correspond à la suite mathématique de Fibonacci : 13, 21,34, 55.
Pourquoi? ce nombre est le meilleur compromis pour obtenir un ensoleillement maximal. Les savants démontrent que l'angle de deux feuilles consécutives doit être voisin d'un angle. Cet angle est l'inverse du nombre des suites de Fibonacci (4). Les premiers nombres de cette suite, "2,3,5,8" sont exclus car trop petits et ceux supérieurs à 55 sont trop grands. Des chercheurs se sont « amusés » à trouver quelles sont les pâquerettes les plus nombreuses avec un nombre déterminé de pétales.
Et bien, le pic de fréquence des fleurs ligulées en France est de 34 fleurs pour les pâquerettes alors que curieusement, il est de 55 en Italie. Étrange nature.
Les capitules sont entourés de petites feuilles (ou bractées) formant un involucre de 1 à 1.5 cm. Les bractées lancéolées sont disposées en deux rangs et ciliées et arrondies à leur sommet.
La fermeture des fleurs la nuit donnerait un petit avantage à la Pâquerette : les organes de reproduction sont protégés de la pluie et un peu du gel. La fleur est aussi protégée de certains animaux phytophages comme les limaces nocturnes et d’autres.
Pollinisation : cette plante attire des insectes pollinisateurs comme les abeilles, bourdons, et les syrphes (mouches aux allures de guêpes). Elle est aussi capable d’autofécondation. Les fleurs blanches de la périphérie ont des stries transversales de très petite taille, invisibles à l’œil nu. Elles sont capables de décomposer la lumière comme le fait un prisme de verre. Ceci améliore leur visibilité par rapport aux fleurs de couleurs bien visibles, rouges ou bleues et fournit aux insectes des indications sur la position des nectaires.
Confusion : certaines « composées-astéracées », ressemblent à notre Pâquerette :l'Aster fausse-pâquerette, Bellidiastrum michelii, ou la Pâquerette des murailles Erigeron karvinskianus bien plus grande mais faut-il encore le savoir voir les photos et d’autres.
Fruits : les fruits sont des akènes. Ceux de la périphérie sont finement velus. Ils n’ont pas de parachute (ou aigrette) mais leur petite taille permet une dissémination par le vent et l’eau. Les vers de terre, les animaux domestiques et les humains contribuent aussi à leur dispersion.
Habitat: La Pâquerette est originaire d’Europe, occidentale et septentrionale. Elle aime le soleil et tolère la mi-ombre. Elle est indifférente à l’acidité des sols mais apprécie l’humidité. Pour cette raison, elle colonise rapidement les terrains aux sols compactés, riches en nutriments, les prairies aux herbes très basses. C’est une des rares plantes à pouvoir fleurir dans un gazon tondu à ras (d’où aussi l’expression « au ras des pâquerettes » 😊). Elle est présente jusqu’à 2500 m.
Ce sont les pâturages et la mode des parcs et pelouses qui ont été les éléments déclencheurs de sa vaste répartition dans nos pays.
Elle n’existait pas autrefois dans les Amériques et en Océanie mais est devenue cosmopolite.
Statut de protection : cette plante est très commune et ne bénéficie d’aucun statut de protection
Usage alimentaire :
Les jeunes feuilles, les bourgeons floraux et les jeunes fleurs peuvent être mangés crus en salade. Les feuilles plus anciennes sont consommées cuites, en soupe ou étuvée ce qui leur enlèvera une partie de leur amertume.
Les boutons floraux crus peuvent servir d’assaisonnement dans des soupes ou sandwichs ou être utilisés après une conservation dans du vinaigre.
Son utilisation pour faire du thé est possible.
Usage médicinal:
la Pâquerette était traditionnellement utilisée pour réduire les maladies de peau, les maux de tête, les vertiges et l’insomnie.
Cependant, il faut s’en tenir aux recherches récentes prouvées.
Voici une copie de la composition et des effets de la Pâquerette. Ce texte est issu du site de référence wikiphyto
Composants
Saponosides triterpéniques et principes amers
Acides organiques
Polyacétylènes : polyines
Mucilage
Vulnéraire (polyines )
Propriétés antiprolifératives, inducteur d'autodestruction des cellules de cancers digestifs (saponosides triterpéniques)
Antigoutteuse
Expectorante et adoucissante ORL et bronchique
Légèrement laxative
Les recherches sur cette plante sont nombreuses (1 et 3) et toujours d’actualité comme celle toute récente d’oct. 2023 faite par Anna Albien (2) à l’Université de Munich et entièrement consacrée aux composés bioactifs de la Pâquerette. Elle met en évidence les plus récents résultats des 10 dernières années. Les chercheurs ont trouvé chez cette plante des effets antioxydants, antimicrobiens, anticancéreux, cicatrisants, antidépresseurs, anxiolytiques, néphroprotecteurs et mimétiques de l'insuline, ainsi qu'un effet sur le métabolisme des lipides.
Comme dirait Bernard, « au vu de ces bienfaits et de tous les autres, c’est décidé je vais brouter des pâquerettes ».
Il manque la précision et les études cliniques pour savoir quelles sont les molécules vraiment impliquées sur les 310 détectées à ce jour dans les tissus de la Pâquerette
.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Légende :
Selon une croyance populaire, à l'origine les pâquerettes étaient complètement blanches. Le jour de la naissance de Jésus, un petit berger qui ne possédait rien, offrit une pâquerette au fils de Marie qui la baisa du bout des lèvres. C'est depuis ce jour que le cœur de la fleur est jaune d'or et que le bord est marqué de rose à l'endroit du baiser.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)- Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
1/(Bio)active Compounds in Daisy Flower (Bellis perennis) – Albien oct 2023
2/ The Pharmacological importance of Bellis perennis - A review Am-Snafy 2015
3/ In vitro cytotoxic, antibacterial, anti-inflammatory and antioxidant activities and phenolic content in wild-grown flowers of common daisy—A medicinal plant- Karakas 2016
4/ Pourquoi aucune marguerite ne compte 6 ou 9 ou 12 pétales ? Philippe Vandel France info