L’ Épervière orangée
Publié le 21 Juin 2020
Cette épervière sort du commun avec sa couleur flashy, orangée. C’est une des caractéristiques des plantes d’altitude. En principe en altitude, car à deux pas d’ici à 200 m d’altitude un petit bourg, Ingwiller, a des bas côtés couverts avec cette plante pourtant très rare en Alsace. Sans doute une évadée d’un jardin. Pas étonnant qu’avec de telles possibilités de développement, elle soit considérée comme invasive dans certaines régions du monde comme au Canada.
Roland
Nom scientifique : Pilosella aurantiaca (L.) F.W.Schultz & Sch.Bip.
autrefois dénommée Hieracium aurantiacum
Nom commun dialecte / allemand :
Noms anglais : fox-and-cubs, orange hawk bit mais aussi « devil's paintbrush », pinceau du diable !
Origine du nom : vient du latin « pilosella» « poilu, velu » et « aurantiaca signifie « de couleur orangée ».
Date de l’observation: le 16 juin au Markstein (68) vue au cours d’une virée Anab cette semaine
Famille de plantes : celle de la marguerite, du bleuet, du pissenlit, des centaurées. (Famille des Astéracées anciennement Composées). Cette famille de plantes est particulière car la fleur est en fait un ensemble de fleurs réunies en une tête serrée, on dit un capitule. C’est une famille de plantes très évoluée. Elle se signale aux insectes comme une grande et seule fleur. L’insecte visite plusieurs fleurs sur chaque capitule et plusieurs capitules. Les fleurs sont souvent munies d’aigrette ou parachute que le vent transporte au loin. Le nombre de fleurs et les aigrettes donnent de grandes facultés de dissémination. L’occupation des sols par ces plantes est plus rapide que la plupart des autres plantes. C’est pourquoi aussi de nombreuses astéracées, d’origine « exotique », sont considérées comme invasives.
Cette Épervière orangée appartient à cette très grande famille de plantes astéracées qui couvre toute la planète avec ses 23000 espèces
Les caractères distinctifs des piloselles et épervières sont :
- fleurs ligulées
- plantes sans épines
- ensemble des bractées (petites feuilles sous le capitule) sur plusieurs rangs et souvent des poils glanduleux.
- akènes (graines) cylindriques à section droite avec soies de l’aigrette brunes, cassantes et non plumeuses
Les akènes des piloselles ont le sommet crénelé et mesurent moins de 2mm, les épervières ont un sommet annelé avec un bourrelet et sont plus grands
Catégorie: Plante vivace, hémicryptophyte (plante aérienne dont les bourgeons persistent au niveau du sol pendant l’hiver).
Hauteur: 20 à 50 cm
Tiges et racines: tige rameuse à l’extrémité et à souche stolonifère ne portant qu’une à 3 feuilles mollement velues. Le haut de la tige est glanduleux
Feuilles: sont lancéolées ou en ellipse de 5 à 20cm de long pour 1 à 3cm de large. Elles sont vaguement dentées et couvertes de poils sur les deux faces.
Floraison: de mai à août
Type : fleur de couleur orange
Couleur: orangée vif en général mais le spectre de couleur peut varier du jaune à l’orange jusqu’au rouge vif. Les fleurs sont toutes ligulées de 1 à 1.4 cm et regroupées en capitules formant un corymbe compact à l’extrémité des tiges en général, 2 à 12 capitules ou plus.
L’extérieur du capitule, l’involucre est noir. Cette couleur vient de ses longs poils mous et de ses poils courts glanduleux
Pollinisation : la couleur orange est invisible pour les abeilles mais la plante leur est visible en ultraviolet. Des papillons et mouches viennent aussi polliniser cette plante.
Confusion : assez unique, difficile à confondre même dans les Alpes où il existe des sénéçons et des tephrosis orangés
Fruits : les fruits sont des akènes de 2 mm prolongés par une aigrette de soies roussâtres de 3 mm sur un seul rang. La propagation des graines se fait par le vent mais la plante se multiplie aussi grâce à ses stolons.
L’Epervière orangée produit 60 à 700 graines par plant qui demeurent viables plus de 7 ans dans le sol. Avec la dispersion par le vent, les oiseaux et animaux vous pouvez imaginer sa propagation rapide alliée à sa dispersion par stolons.
Habitat: montagne jusqu’à 3000 m , bords des chemins, prairies maigres, chaumes, lisières forestières. Préfère les milieux acides.
Protection : cette plante est classée vulnérable en Auvergne et classée Znieff en Alsace, Auvergne et Rhône-Alpes. Au Canada, elle est considérée comme un fléau et comme une plante invasive en Colombie britannique. Ceci signifie qu’elle prend la place de la diversité des plantes indigènes dans les zones naturelles. Elle y menace la biodiversité locale.
Utilisation ornementale: avec ses couleurs criardes, cette plante est souvent utilisée pour ornementer les massifs de fleurs des parcs et jardins.
Utilisation médicinale et toxicité :
Les feuilles et tiges des épervières ont des vertus diurétiques. En éliminant l’eau elle évitent la rétention d ‘eau et certains œdèmes des membres inférieurs. Par le même mécanisme elles facilitent l’élimination d’excès d’urée et de protéines.
Elles étaient aussi utilisées pour diminuer les affections respiratoires : bronchite, asthme…
Les épervières auraient aussi un effet bénéfique pour cicatriser les plaies et petites blessures et détoxifier le foie.
Comme toujours l’usage des plantes est peu documenté et il faudra consulter un médecin avant toute utilisation et éviter ainsi des effets indésirables simples ou croisés avec l’usage de médicaments.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)