Hellébore fétide, Pied-de-griffon (Helleborus foetidus)
Publié le 6 Avril 2022
Roland
Nom scientifique : Helleborus foetidus L., 1753
Origine du nom : du grec " hellein " "qui tue" et de « bore », la « nourriture », en raison de sa forte toxicité. Une autre étymologie pourrait être d’origine sémitique « helibar », remède contre la folie, peut-être liée à une utilisation ancienne mais très dangereuse. Le prénom "foetidus » signifie en latin «fétide, puant» en raison de l’odeur peu appréciée de ses feuilles. Ce caractère est aussi repris dans son nom commun en anglais et dans d’autres langues.
Ceci dit, certains collègues, que je ne citerai pas par respect pour leur réputation trouve l’odeur de cette hellébore fétide tout au plus âcre. Heureusement pour nous qu’ils ne travaillent pas chez l’Oréal ou Givenchy…
Autres noms communs : Rose de serpent, Patte d'ours, Herbe aux fous, Mords-cheval, Herbe printanière, Favalau.
Nom allemand et dialecte: Nieswurz
Nom anglais : stinking hellebore (Hellébore puante)
Date et lieu de l’observation : le 23 mars à Scharachbergheim-Irmstett (67)
Famille de plantes : celle de l’anémone et du bouton d’or (Renonculacées). Il existe 56 genres et plus de 2100 espèces dont plus de 400 pour le genre « Ranunculus », la petite grenouille. La plupart des plantes de cette famille sont toxiques car contenant des alcaloïdes et en particulier une cardiotoxine, la proto-anémonine. Certaines sont mortelles comme l’Aconit tue Loup.
Ce sont des plantes herbacées avec seulement quelques arbres et plutôt réparties dans l’hémisphère Nord.
Les généticiens-botanistes les ont identifiées comme étant des plantes primitives en raison du grand nombre d’étamines disposées en hélice et de leurs carpelles libres.
Beaucoup de renonculacées ont des fleurs à 5 pétales et 5 sépales libres, mais leurs formes peuvent être très variées :
En apparence il n’y pas grand-chose de commun entre l’aconit et les anémones ou avec les hellébores et les clématites. Pourtant toutes ces plantes s’enchaînent, c'est-à-dire sont reliées les unes aux autres par des espèces intermédiaires. Un des rares point commun est l’embryon, petit avec un albumen charnu qui contient les réserves.
Catégorie : plante vivace, d’allure singulière, à forte tige et feuilles persistantes
Hauteur : 30 à 70 cm
Tige : tige glabre de 30 à 45 cm ramifiée et densément feuillée dans le haut
Feuilles : elles sont vert foncé, raides, coriaces, avec un pétiole cannelé. Le limbe est divisé en 5 à 9 lobes étroitement lancéolés, dentés ou non.
Floraison : janvier à avril, plante très précoce en saison
Couleur des #fleurs: Elles sont de couleur vert-jaune, bordées finement de rouge sur le bord des 5 sépales en forme de pétales. Ces derniers sont réunis pour former une clochette penchée. Les fleurs portées par un pédoncule sont nombreuses. Elles forment une cyme unipare (d’un seul côté), mesurent 1.5 à 2.5 cm de diamètre et contiennent 5 à 10 étamines, le pistil et 10 à 15, souvent 13 nectaires. Ces glandes à nectar sont des pétales transformés de la taille d’une demi-étamine et réunis en coupe.
A noter que la fleur ne fleurit que deux fois. La première fois entre 3 et 8 ans puis une seconde fois à partir d’une tige formée depuis la souche. La plante disparait après cette seconde floraison.
Pollinisation : La fécondation est assurée par les insectes car la plante produit beaucoup de pollen et de nectar en saison froide. C’est sur cette plante que des chercheurs ont découvert pour la première fois des levures dans le nectar. Elles ont la propriété, en fermentant les sucres du nectar, d’élever sa température et de favoriser ainsi l’évaporation de composants volatils attractifs pour les insectes.
Confusion : il existe d’autres hellébores comme l’Hellébore verte, plus rare, assez facile à distinguer et l’Hellébore de Noël qui décore nos jardins.
Habitat : héliophile presque toujours sur sols calcaires profonds et riches en humus ou secs et pauvres : coteaux, friches, bois, rocailles, collines calcaires sous-vosgiennes jusqu’à 1800m.
Absent en Alsace Bossue et environs, voir la carte de Lorraine.
Fruits : le fruit est formé en général de 3 à 5 follicules à peau dure, munis d’une pointe et ridés en travers. A maturité les fourmis récupèrent ces graines car elles sont munies d’une petite récompense appelée élaïsome ou éléosome, riche en matières grasses et dont elles sont friandes. Ceci explique la dissémination rapide de la plante autour d’un pied mère.
Alimentation : pas d’usage alimentaire car TRES toxique des fleurs aux racines.
Usage horticole : en dehors de son aspect décoratif, cette plante toxique est utilisée en raticide car elle permet d’éloigner les rongeurs qui évitent les graines ou en meurent…
Médecine :
La médecine traditionnelle l’utilisait comme purgatif, émétique et vermifuge. Sa dangerosité conduit à ne pas tenter de l’utiliser.
Wikiphyto ne donne pas d’usage pour cet Hellébore fétide mais pour l’Hellébore d’hiver qui est assez voisin.
Principes actifs : des renonculosides comme l’helléborine qui combine des tanins et saponines et des stéroïdes. Il contient aussi de la protoanémonine. Celle-ci a des propriétés vésicantes et allergisantes pour la peau. A l’état sec, soit foin ou plante séchée, cette substance se transforme en dimère d’anémonine inactive et presque inoffensive.
Les chercheurs continuent à analyser cet hellébore ainsi que d’autres hellébores exotiques pour évaluer leurs propriétés en médecine humaine.
En 2020 des chercheurs japonais menés par Tomoki Iguchi ont trouvé dans cet hellébore fétide, 28 nouveaux glycosides stéroïdiens. Ils ont testé leur capacité à réduire la leucémie promyélocytaire (c’est du jargon javanais et médical pour vous mais aussi pour moi) et le cancer du poumon. Ils ont noté que 7 stéroïdes avaient une activité cytotoxique notable et 19 une activité plus faible. (1)
Propriétés de Helleborus niger selon wikiphyto :
Antiproliférative de cellules cancéreuses, adjuvant dans les hématopathies maligne
Homéopathie :dépressions, Néphrite avec oligurie massive
Attention, cette plante est dangereuse. Toute utilisation doit être bannie. Tout dans cette plante est toxique.
Caractères d’une iIntoxication : picotements de la bouche et de la gorge, vomissements, diarrhées, mydriase
Légende : La Fontaine dans le Lièvre et la Tortue faisait allusion à la croyance que l’Hellébore fétide est un remède à la folie : « Etes-vous sage ? Repartit l’Animal léger, Ma Commère, il vous faut purger avec quatre grains d’ellébore ».
En allemand le nom commun Nieswurz signifie racine à éternuer. Il est exact que la protoanémonine présente dans l’Hellébore comme dans de nombreuses renoncules, provoque l’irritation des muqueuses nasales. Autrefois on croyait que ces éternuements permettaient d’expulser les mauvais esprits et les grains de folie.
Protection : cette plante est assez commune dans les régions calcaires et absente ou rare dans d’autres régions à sol acide d’origine volcanique, comme la Bretagne, les hautes Vosges et l’Auvergne. Elle est protégée dans le Limousin.
Texte et photos : Roland Gissinger (ANAB) relecture Bernard Weinzaepflen
Bibliographie
Voir fin d’article index plantes
Philogénie des renoncules
(1) Novel Steroidal Glycosides from the Whole Plants of Helleborus foetidus
Anémone Sylvie/sylvestre /des bois |
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Anémone pulsatille, Pulsatille commune |
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Populage des marais, Sarbouillotte |
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Clématite des haies, Herbe aux gueux, Clématite vigne blanche |
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Éranthe d'hiver-Hellébore d'hiver |
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Ficaire à bulbilles, Ficaire fausse renoncule |
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Helleborus foetidus) |
Hellébore fétide, Pied-de-griffon |
Bouton d'or, Pied-de-coq |
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Renoncule âcre de Fries |
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Renoncule des champs, Chausse-trappe des blés |
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Renoncule à tête d'or, Renoncule Tête-d'or |
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Renoncule bulbeuse |
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Renoncule scélérate, Renoncule à feuilles de Cèleri, Mort aux Vaches |