Oxalis petite oseille, Pain de coucou, Surelle, Alleluia (Oxalis acetosella)
Publié le 16 Avril 2023
Cette fleur est en train de s’épanouir en forêt. Avec ses pétales finement marbrés de violet c’est une fleur belle et délicate. Elle est bien plus sympathique que l’Oxalis corniculé qui envahit nos jardinets. Elle possède en plus un agréable goût acide et frais quand on la mâche !
Roland
Nom scientifique : Oxalis acetosella L., 1753
Origine du nom : vient du grec «oxis» acide, et « als », le sel, car elle sécrète de l’oxalate de potassium comme les autres oxalis, et du latin « acetosella », petite oseille car son goût est acidulé comme l’est celui de l’Oseille sauvage.
Alléluia, un de ses noms vernaculaires repris dans plusieurs langues, peut sembler étrange. Il trouve son origine du fait qu’elle fleurit presque toujours entre Pâques et la Pentecôte, période pendant laquelle sont chantés dans les églises des Psaumes se terminant par « Alléluia ».
Nom commun allemand/ dialecte : Wald-sauerklee, Gemeiner Sauerklee oder Kuckucksblume, et en alsacien Sauerklee, Allelulia
Nom anglais : wood sorrel or common wood sorrel
Autres noms: Oxalide petite-oseille, Pain-de-coucou, Oseille des bois!, Oxalis des bois et sans doute d’autres…
Date de l’observation: le 9 avril à Butten (67)
Famille de plantes : C’est la famille des oxalidaceae qui comprend en France l’Oxalis petite oseille, la carambole, un fruit exotique, de forme étoilée et graphique. Cette famille comprend 5 genres et plus de 880 espèces. Les fleurs de cette famille sont solitaires ou groupées. Elles ont une symétrie radiale d’ordre 5, soit 5 sépales, pétales, étamines et carpelles. Les carpelles sont en général soudés en un seul ovaire à cinq chambres contenant chacune 1 à 2 ovules. Les fruits ont souvent des mécanismes de dispersion des graines grâce à une partie charnue du fruit qui se contracte en séchant puis libère brutalement les graines.
Type : plante herbacée vivace, acaule.
Durant la nuit ou en cas de pluie, feuilles et fleurs sont pliées et fermées.
Hauteur: 5 à 15 cm, la tige est souterraine et prolongée par des écailles gorgées de réserves et une racine pivotante.
Feuillage: feuilles partant de la base et longuement pétiolées (en moyenne 10cm). Elles sont palmées et formées par 3 folioles pliés sur la nervure principale, en forme de cœur inversé (on dit, obcordé). La face supérieure des folioles (0.5 à 2 cm) est pubescente. Des petites feuilles charnues réduites à des écailles sont présentes à l’extrémité supérieure de la partie souterraine de la plante.
Biologie originale: cette oxalide est la plante européenne qui résiste le mieux à l’absence de lumière. Elle se développe avec moins de 1/200 ème de la lumière du jour. Si le soleil est trop intense, elle replie ses feuilles. Une exposition trop importante provoque la destruction des sites chlorophylliens des feuilles et leur mort. Elle peut limiter les pertes d’eau en fermant les stomates de la partie inférieure des feuilles.
Des articulations sont présentes au niveau des pétiolules des folioles. Une diminution de la pression dans les cellules par évaporation de l’eau transmet cette information via des substances dénommées « turgorines ». Les mini tiges se replient alors et diminuent la surface des feuilles exposées au soleil.
L’oxalide développe une autre catégorie de fleurs, des fleurs cachées comme chez les violettes. Ce sont des fleurs souvent peu visibles cachées dans la mousse, des fleurs dites « cléistogames » à courte tige qui peuvent s’autopolliniser. Il a été démontré que c’était un mécanisme de secours pour améliorer la production de graines en cas de défaillance du système habituel de fleurs fécondées par les insectes (fleurs chasmogames).
Pour compléter ces étonnantes facultés, cette plante se développe avec des mycorhizes présentes dans le sol qui l’approvisionnent en eau et sels minéraux.
Floraison: d’avril à mai (quand chante le coucou d’où aussi un de ses noms communs)
Couleur des fleurs: blanche veiné de violet, rarement rose. La fleur solitaire, est portée par un pédoncule aussi long ou plus long que le pétiole des feuilles. La fleur d’Oxalide petite oseille a une forme de rosace régulière à 5 pétales de 10 à 15 mm tachés de jaune à leur base. Les 10 étamines sont disposées sur deux cercles. Cinq d’entres elles sont plus courtes. Au centre l’ovaire se termine par 5 styles filiformes blancs. La fleur est entourée de 5 sépales verts de 4 mm, ovales, lancéolés.
Pollinisation : par des insectes, bourdons et abeilles
Confusion possible : non, aspect bien typique. Les feuilles ressemblent à celles du trèfle ce qui explique quelques uns de ses noms communs en Français, Allemand et autres langues. En regardant de près les folioles sont groupés par 3 et pliés ce qui n’est jamais le cas des trèfles.
Habitat: plante d’ombre qui pousse dans des emplacements froids et humides en fond de vallon, forêt fraîche, bord des ruisseaux. Elle aime les sols peu acides. Elle n’aime pas les sols trop acides ou calcaires.
Présente dans toute l’Europe et l’Asie ainsi qu’en Amérique du Nord jusqu’à 2000 m.
Fruit : c’est une capsule allongée, ovoïde de 4 à 10 mm de long. Elle éclate à maturité en projetant les graines aplaties de 2 à 3 mm jusqu’à 1 m de distance.
Les pédicelles des fruits sont réfléchis après maturité.
Statut de protection :
L’Oxalide petite-oseille est peu présente sur la façade sud-ouest , dans le sud ouest et le centre de notre pays. Elle n’a pas de statut légal de protection mais est classée comme plante déterminante Znieff dans les régions suivantes : Centre-Val de Loire, Poitou-Charentes, Aquitaine, Nouvelle-Aquitaine, Corse.
Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation à partir de listes d’espèces peu courantes ou rares.
Usage alimentaire : Toute la plante est comestible, mais il ne faut pas en abuser en raison de quantités importantes d’acide oxalique qu’elle contient, environ 110 à 140 mg/g de poids sec. Elle est traditionnellement utilisée pour préparer des soupes, des sauces et des salades ou de la farce à viande.
Les personnes arthritiques et rhumatisantes doivent éviter de la consommer car elle contribue à la formation de calculs car l’oxalate capte le calcium.
Les feuilles et jeunes fruits peuvent être préparés en salade, on peut également en faire une limonade en ajoutant du sucre.
Usage traditionnel :
Cette plante, de par son acidité, servait à polir le marbre et décolorer le chêne, et ceci jusqu’au XIX siècle.
Médecine : plante utilisée en médecine traditionnelle comme désinfectant, pour guérir les troubles urinaires, la fièvre et le scorbut.
Wikiphyto ne mentionne pas cette plante ce qui indique qu’elle n’a pas de propriétés médicinales bien prouvées pour le moment.
Des études sur les feuilles faites par la slovène H Sircelij ont montré une grande richesse en antioxydants de l’Oxalis petite oseille par comparaison avec d’autres plantes.
Elle est très riche en béta carotènes, acide ascorbique, tocophérols et xanthophylles. Pour rappel, la lutéine et la zéaxanthine sont indispensables pour la vision humaine. C’est l'une des meilleures sources de flavonoïdes (glucosides de flavonol et flavan-3-ols), en particulier la rutine. Par conséquent, O. acetosella est une source alimentaire potentiellement importante d'antioxydants.
Texte et photos : Roland Gissinger relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Cleistogamy as a bet-hedging strategy in Oxalis acetosella, a perennial herb jan2002
Antioxidants in spring leaves of Oxalis acetosella L. 2010
Recherche histologique sur fleurs cleistogames d’Oxalis acetosella 1929
Oxalis acetosella