Le Blongios nain, Butor blongios (Ixobrychus minutus)
Publié le 25 Juin 2023
C’est un bon moment d’étonnement que de découvrir dans la nature ce petit héron. Dommage qu’il se fasse si rare.
Roland
Nom scientifique : Ixobrychus minutus (Linnaeus, 1766)
Origine du nom : « Ixobrychus » du grece « ixos « , le gui et « brucho », mugir. Le mot ixos serait une erreur et l’auteur du nom aurait voulu faire référence au roseau. Le nom d’espèce « minutus » signifie, cassé et par suite, petit.
Nom allemand : Zwergdommel
Nom anglais : Little bittern
Observation : le 8 juin région du Val de Guébelange (57)
Famille : celle des Ardeidae (67 espèces dans le Monde) dont les hérons et aigrettes, le plus connu et le plus visible étant le Héron cendré. Ce sont des oiseaux « cigogniformes » ou plus exactement « ciconiiformes » à long bec, long cou et longues pattes. Pour cette raison ils ont aussi été appelés échassiers. Ils fréquentent surtout les milieux humides et mangent des poissons, batraciens et autres petites proies animales.
Dimensions et poids : 33 à 38 cm, envergure environ 52 à 58 cm, le poids variant de 140 à 150 g.
Longévité : 5 ans
Description : C’est un petit échassier, le plus petit de nos hérons d’Europe. . Pour vous donner une idée de la taille, c’est celle d’un pigeon. Il pèse seulement le dixième du poids d’une grande aigrette.
Il possède des pattes plus courtes (en proportion) que les autres échassiers et un cou épais prolongé par un bec long, orangé, en forme d’épée.
Il est de couleur jaune pâle avec des pattes jaunes.
Chant : c’est un son discret, rauque.
Écoutez ci-dessous).
Vol : puissant.
Habitat : cet oiseau est présent en Europe jusqu’à l’Oural ainsi qu’en Afrique. Il aime les bords de rivière, les ripisylves, les grands plans d’eau et marécages de plaine entourés de végétation, comme les roseaux. Il est aussi présent autour des espaces artificialisés comme les bassins de carrière, gravières, canaux, plans d’eau urbains. C’est un arboricole qui apprécie la présence des saules et aulnes.
Chasse et nourriture : le Blongios nain chasse en avançant doucement dans les eaux peu profondes. Il chasse seul ou quelquefois en petits groupes lors de la migration Ses proies sont des poissons, batraciens dont les grenouilles, petits mammifères, mollusques, insectes.
La taille du territoire est de l’ordre de quelques hectares.
Comportement :
La période d’observation la plus propice est d’avril à juin. Les mâles arrivent en premier sur leur territoire et le défendent par le chant en éloignant ainsi leurs congénères. IL est actif le jour et au crépuscule. Il vole le moins possible et chasse à l’affût, le long des étendues d’eau. A la moindre alerte, il se fige, raide comme un piquet et devient presque invisible en se confondant avec la végétation.
La saison des amours commence en avril.
Nidification : le mâle dépose le premier matériau pour édifier son nid. Si la femelle accepte cet emplacement, c’est bon signe et ils vont édifier ensemble le nid qui est en forme de pyramide inversée. Ce nid est caché dans une roselière dense ou des fourrés inaccessibles. Il est construit juste au dessus de l’eau (20 à 30 cm) avec de nombreux roseaux empilés et de petites tiges. Il peut atteindre 18 à 35 cm de diamètre et 8 à 30 cm de hauteur. Le Blongios nain mâle attire la femelle par une parade nuptiale près de son nid et défend ensuite un territoire autour de celui-ci. Les oiseaux sont assez fidèles à leur lieu de nidification. Après l’accouplement ils vont le terminer en commun. Ce mariage sera monogame pour la saison ce qui n’est pas le cas de tous les oiseaux.
La femelle va pondre début avril 5 à 6 œufs blancs. Les deux adultes vont couver à tour de rôle les œufs pendant 18 jours. A l’éclosion les petits sont plus ternes que leurs parents et leur dos n’a pas encore cette couleur foncée.
Les jeunes volent hors du nid après 4 semaines. Ils seront adultes après 2 ou 3 ans. Une deuxième ponte est très rare.
Migration :
les Blongios repartent d’août à septembre en Afrique subsaharienne et reviendront au printemps, entre mars et avril.
Prédateurs : le raton laveur, hibou, faucon, renard et mustélidés.
Protection :
Cette espèce était autrefois très répandue. Elle est devenue rare et est protégée sur l’ensemble de notre pays ainsi que dans le reste de l’Europe. Ses populations ont baissé de 80% en France depuis les années 1970. Il a déjà disparu de certaines régions comme le Limousin. Il est classé critique, vulnérable dans la quasi-totalité de nos régions.
Il resterait 500 à 900 couples nicheurs pour un total de 60 à 120 000 couples sur le Continent. La population la plus importante se trouve en Hongrie. Le comptage reste imprécis car l’espèce est très discrète.
L’intensification de l’agriculture, le brûlage des roseaux, l’aménagement des étangs de pêche par la destruction du couvert végétal et le drainage des zones humides sont les plus grandes causes de sa raréfaction. La surpopulation de sangliers et de ragondins qui détruisent les roselières et son habitat sont une autre cause de la régression de cet oiseau qui est devenu assez rare dans nos régions. Le changement climatique en Afrique qui entraîne l’assèchement des zones humides sont aussi des explications à l’effondrement de ses effectifs.
Maladies : ces oiseaux sont porteurs de vers parasites. Les chercheurs ont dénombré 17 helminthes différents en particulier chez les adultes.
Photos :
Article illustré par notre talentueux collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte, bibliographie Roland Gissinger (Anab) –Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Webographie :,