La Punaise à tête allongée (Aelia acuminata)

Publié le 20 Août 2023

Punaise à tête allongée (Aelia acuminata)
Punaise à tête allongée (Aelia acuminata)
Punaise à tête allongée (Aelia acuminata)

Punaise à tête allongée (Aelia acuminata)

Voici une punaise de forme bien typée présente en France métropolitaine. Il en existe trois assez voisines. Celle-ci, si elle pullule,  peut être un danger pour l’agriculture.
Roland

Nom scientifique Aelia acuminata (Linnaeus, 1758),

Autres noms communs : Punaise nez-de-rat, Punaise des blés

Etymologie du nom : « aeli »a serait selon Rémy Perrier une référence à l’empereur romain Publius Aelius Hadrianus, dit Hadrien, qui lors de son passage à Jérusalem en 130 lui donna le nom d’Aelia Capitolina. « acuminata » signifie en latin « pointu » comme la tête de cette punaise.

« 

Nom allemand : Getreidewanzen - auch Spitzlinge

Nom anglais : bishop's mitre

Observation : le 14 juillet à Puttelange-aux -Lacs (57)

Famille : cette Punaise à tête allongée appartient à la Famille des Pentatomidae, Pentatoma»   signifie  « 5 articles », c-à-d 5 articles antennaires, une  caractéristique de cette  famille de punaises  Sous-Ordre des Hétéroptères,  Ordre des Hémiptères.

L’Ordre  des Hémiptères  comprend un nombre énorme d’espèces, 100 000 espèces environ dans le monde !
Les Hémiptères sont des insectes qui possèdent des pièces buccales piqueuses enfermées dans un rostre et fonctionnant comme une petite aiguille hypodermique qui aspire les sucs des plantes ou de petits animaux .

Dans l’ordre des Hémiptères, on distingue deux sous ordres qui n’ont en commun que la structure des pièces buccales et sont considérés aujourd’hui comme des ordres séparés :
- les Hétéroptères : qui comprennent entre autre, la Punaise pyjama ou Punaise arlequin, Graphosoma italicum, notre Gendarme, Pyrrhocoris apterus, la  Réduve irascible, Rhynocoris iracundus ...
- les Homoptères : où on peut trouver, la Cigale commune, Lyristes plebejus, le Cercope sanguinolent, Cercopis vulnerata et  sur nos rosiers, le puceron Macrosiphum rosae ou  la cochenille, Aulacapsis rosae …

  Chez les Hétéroptères  (30 000 espèces), les ailes antérieures sont divisées en 2 régions : l’une basale, coriace ( la corie ), l’autre apicale toujours membraneuse ; les ailes postérieures sont, elles  toujours membraneuses.
Chez les Homoptères, les ailes antérieures ont une structure uniforme soit coriace soit membraneuse.

La distinction  Hétéroptères / Homoptères a été chamboulée par les études sur l’appareil buccal puis des études génétiques en 1995. De nombreux ouvrages conservent néanmoins l’ancienne organisation.

Les Pentatomidae ont une allure de punaise habituelle. Il existe 150 différentes punaises  en France et plus de 1300 ont été répertoriées au niveau mondial Leurs antennes ont 5 articles. Le corps démarre derrière la tête avec le pronotum souvent anguleux. Juste derrière le pronotum, le scutellum ou bouclier , est une pièce dorsale situé à la jonction des ailes. Son développement est plus ou moins important selon les espèces.
 Ces punaises se caractérisent aussi par la possibilité d’émettre des substances répulsives pour se protéger des prédateurs.
 

Dimensions : 7.5 à  10 mm .

Durée de vie: avril à octobre, hiverne sous l’écorce des arbres sous forme de larve stade 2  et non d’adulte comme d‘autres punaises .

Description :

Pour bien la distinguer d’autres punaises, voici des points de reconnaissance :
Le corps est ovale, nettement aplati de couleur brun - jaune terne.

1/ La tête est triangulaire et acuminée (allongée)  particularité Qui lui a valu son nom.

2/ Le pronotum ( partie antérieure du thorax situé derrière la tête ) est brun avec deux pointes sur les côtés.
Le scutellum est de forme triangulaire.

3/ Le corps est couvert de bandes longitudinales alternées jaune-pâle et brun-gris

3/ Les pattes n’ont pas d’épines ni de soies raides. Elles ont une particularité c’est d’avoir deux taches noires sur les fémurs médians et postérieurs.

Les larves sont gris sombre tacheté de jaune clair.

Nourriture :

Elle se nourrit grâce à son très long rostre, tuyau acéré qu’elle plonge dans les tissus des plantes. S’en servant comme paille, elle aspire la sève sucrée des plantes. Elle se nourrit de la sève des graminées comme les céréales, agrostides, dactyles, bromes, pâturins et fétuques. Elle peut (si en grand nombre)  provoquer des dégâts notables dans les céréales.
Elle  peut selon les conditions s’en prendre aux  œufs d’autres insectes,  insectes morts  ou même aux  larves de sa propre espèce (cannibalisme) en cas de famine.

Habitat: haie, jardins, vergers  mais évite les endroits trop humides ou trop frais.
Elle est  présente dans toute l’Europe sauf le Grand Nord, l’ Afrique du Nord et  jusqu’en Sibérie  jusqu’à 1500 m.


 

Biologique et activité : cette punaise  produit deux sortes de salive pour piquer les végétaux : une "salive gel" qui maintient le rostre dans le végétal piqué et une salive injectée qui liquéfie les tissus grâce à ses enzymes.
Elle possède un appareil odoriférant constitué de glandes situées  sur la partie dorsoabdominale chez les larves et métathoracique chez les adultes.
Ces pentatomes produisent des sécrétions toxiques et nauséabondes mais qui, au parfum de pomme, cassis, jacinthe peuvent être parfois  agréables... Sans doute ces sécrétions ont-elles aussi un rôle hormonal et de reconnaissance.

Il existe de petits hyménoptères parasitoïdes de ces punaises ( de leurs œufs précisément ), Trissolcus nigripedius et Telenomus gifuensis.
Ils  sont utilisées en agriculture biologique si l’action de « ravageur »  sur les cultures de ces punaises est trop important.

                                                                                                                                                                                
Reproduction: Les adultes s’accouplent pendant 20 minutes à trente heures. Cette durée permettrait au mâle d’assurer sa descendance  en évitant l’approche d’autres mâles. La copulation a lieu têtes opposées sur la période mai et juin.
Les femelles fécondées pondent de petits amas d’œufs (une douzaine) sous les épis des graminées..
Les œufs vont éclore après  2 à 3 semaines, durée qui dépend de la température ambiante. Des punaises miniatures en sortent et se développent en 5 stades successifs. Au premier stade elles se nourrissent de substances présentes sur les enveloppes des œufs.
Pour chaque mue, la punaise se met tête vers le bas en restant accrochée par ses pattes arrières. L’enveloppe ancienne se fend, comme une fermeture éclair, au milieu du thorax. La punaise passe en premier sa tête par l’ouverture, puis les pattes et termine par l’abdomen.
Cette mue dure environ 30 minutes et se poursuit par un durcissement à l’air des nouveaux tissus et par leur coloration. A ce moment- là, elle ne peut fuir aucun prédateur et la perte d’individus est notable. Les punaises arrivent au stade adulte sans passer par un stade nymphe ou chrysalide comme chez d’autres insectes. On parle dans ce cas de métamorphose incomplète ou d’insecte paurométabole (métamorphose pauvre). C’est le cas aussi chez les sauterelles, les criquets et les mantes.
Les larves, alors  de couleur blanc -jaune tacheté de noir, se nourrissent de feuilles et de  rameaux.
Elles seront adultes au milieu de l’été.

 

Prédateurs: chauve- souris, oiseaux, hérissons, souris et autres petits rongeurs...

Protection : insecte non protégé et sans statut de protection  car non menacé.

Confusion  il existe deux autres Aelia avec une seule tache sur les fémurs.
 

Les photos en fin d'article pourraient représenter Aelia rostrata.
Aelia rostrat
a  est la plus grande des trois et Aelia klugii, la plus petite.
Aelia rostrata possède une petit éperon  distinctif sur le bord inférieur près du rostre qui n’est pas visible sur les photos.
Comme elle  est assez présente dans le midi endroit où ont été prises les photos, c’est sans doute elle. A klugii est beaucoup plus  rare.

 

Texte Roland Gissinger (Anab) – Textes d’autres articles empruntés à Martine Devondel (Anab) - Photos : Roland


Bibliographie
Sites internet d’entomologie.
Insectes de France et d’Europe occidentale, Michael Chinery, Arthaud
Livre très joli et instructif, Insectes remarquables de Lorraine et d’Alsace, JY Nogret - S Vitzthum , édition Serpenoise


Clé photographique des Pentatomoïdes de Belgique -Charlot-Claerebout

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentatomidae

Aelia rostrata  à confirmer- photos prises sur la Montagne de la Gache (04)
Aelia rostrata  à confirmer- photos prises sur la Montagne de la Gache (04)
Aelia rostrata  à confirmer- photos prises sur la Montagne de la Gache (04)

Aelia rostrata à confirmer- photos prises sur la Montagne de la Gache (04)

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Bravo pour ces photos très réussies et cet article très détaillé.
Répondre
R
Merci Bernard, content que tu aïs apprécié
T
Merci pour cet article très instructif et les superbes photos! Bonne journée à tous.
Répondre
R
Merci Toll et bonne journée à toi aussi