Enquête mycologique, épisode 104, Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca

Publié le 16 Septembre 2023

Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.

 

Scène du crime

 

Nous sommes le 15 août 2023, dans la forêt de Sarre-Union, une charmaie hêtraie acidiphile, au bord d’un chemin forestier

 

Arme du crime

 

Le champignon pousse au sol et la base de son pied n’agglomère pas de débris organiques. Il s’agit donc vraisemblablement d’un champignon mycorhizien mais ce n’est pas toujours évident à définir.

 

Profil du suspect

 

La morphologie du champignon est classique, avec un pied et un chapeau. Il possède des lames, non libres et adnées. Le chapeau est blanc ochracé sur la marge, sombre au centre

Le pied ne présente pas de bulbe marginé ; il est lisse. L’odeur est plutôt faible, de type spermatique.

 Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

 

Avec son chapeau en forme de cloche et l’odeur spermatique, l’enquêteur soupçonne immédiatement un membre du gang des inocybes.

 

Un mot sur les inocybes

 

Les membres de ce gang présente souvent une odeur distincte dite spermatique, la couleur de sporée est brun tabac et le chapeau est fibrilleux (inocybe d’ailleurs signifie littéralement chapeau fibreux). C’est un groupe avec lequel il faut être prudent, surtout quand on le collecte. Il faut éviter de trop manipuler le pied car il présente des structures microscopiques souvent déterminantes et il faut aussi observer s’il y a un bulbe à la base du pied. En résumé, un inocybe se manipule avec délicatesse et, sauf exception, il faudrait souvent passer par le microscope pour affiner la détermination. Celui-ci ne fera pas exception.

Donc, en présence d’un inocybe, il faut définir l’odeur, le revêtement du chapeau et s’il y a un bulbe. Ce sont les premières observations à faire sur le terrain.

 

Examen par la police scientifique

 

Les spores sont lisses

Spores. Microscopie x1000-  Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Spores. Microscopie x1000- Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Les cystides sont présentes et métuloïdes (à paroi épaisse et des cristaux au sommet)

Cheilocystides. Microscopie x1000-  Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Cheilocystides. Microscopie x1000-  Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Cheilocystides. Microscopie x1000-  Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Cheilocystides. Microscopie x1000- Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca - Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Ces observations nous permettent d’identifier le spécimen comme l’ Inocybe à centre sombre Inocybe phaeodisca Kühner

 

Statut selon l’INPN : Classé Vulnérable (VU) sur la Liste rouge des champignons menacés d’Alsace

 

Comestibilité : Toxique

 

La conclusion de l’enquêteur

 

Un inocybe, ce n’est jamais une mince affaire. Il reste un genre encore aujourd’hui mal connu des mycologues et peu de mycologues s’y frottent vu la complexité de ce groupe. D’identification difficile, certains restent faciles à déterminer sur le terrain avec un peu d’expérience.

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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