La Grive draine (Turdus viscivorus)
Publié le 9 Avril 2023
Voici la Grive draine, la plus grande, celle qui aime bien les baies de gui en hiver. Pour le chant, elle est moins douée que sa cousine la Grive musicienne. .
Autres noms communs : “grive
Etymologie : "turdus" viendrait de l'indo-européen "trozdos", qui signifie "oiseau noir comme le merle. et « viscivorus» " vient de viscus", "le gui », et de « vorus », mangeur, soit « mangeur de gui » ce qui est une de ses spécialités. Grive vient de « graecus » la Grèce pays où l’on pensait qu’hivernaient les grives.
Nom Allemand/dialecte : Misteldrossel
Nom anglais : mistle thrush
Observation : à Voellerdingen (67) le 17 mars entendue par Michaël
Classification et famille: la Grive draine appartient à la famille des Turdidae (ou turdidés) , famille de petits oiseaux de type passereaux constituée de 17 genres. Cette famille est proche de celle des rouges-queues et des tariers (les Muscicapoidae ). Il existe 83 espèces de par le monde dans le genre turdus qui regroupe les merles et les grives.
Points communs : allure robuste avec un bec fort, pointu et épais, souligné à la base de quelques vibrisses (plumes en forme de poils). Les yeux sont grands en proportion de la tête. Ceci est lié à leur activité crépusculaire. Les pattes sont robustes. La sélection naturelle et l’évolution font que les petits oiseaux sont inféodés aux forêts plus ou moins épaisses où leur taille permet de faire de nombreuses manœuvres aériennes. Les oiseaux plus grands sont présents dans les grands espaces et à l’altitude.
Ils cherchent leur nourriture au sol en sautillant et s’arrêtent souvent, tête dressée, ailes agitées.
Il existe dans notre région trois autres grives, la Grive musicienne, la Grive mauvis et la Grive litorne.
Description :
C’est la plus grande des grives locales. Le plumage de la Grive draine est brun sur le dessus et largement crème, moucheté de taches noires sur le poitrail et sur le dessous (et non de flammes foncées comme la Grive musicienne). Le dessous des ailes est très clair. Sa taille est plus grande que celle du merle. Le bec est jaunâtre et les pattes roses. Il est très difficile de distinguer le mâle de la femelle.
Son allure est redressée.
La Grive draine est la plus grande des grives et donc plus grande que la Grive musicienne à laquelle elle ressemble. La calotte de cette dernière est de couleur brune et les côtés roux-chamois.
Dimensions : 26 à 29 cm de long (du bec à la pointe de la queue) pour 40 à
Longévité : 11 ans
Chant :
La Grive draine a un chant très aigu qui ressemble à celui du merle mais en plus monotone. Elle émet souvent un chant puissant, crrr crrr, aigu comme un bruit de crécelle suivi d’un roulement. Les strophes sont courtes et répétitives.
Écoutez son chant ci-dessous :
Vol : ondulé avec des battements lents
Comme tous les turdidés, la grive recherche sa nourriture au sol de préférence. Elle est avant tout insectivore. Elle mange aussi des vers et des limaces.
En automne, elle se nourrit également de nombreux fruits sauvages et baies comme le sureau, les prunelles, les mûres ainsi que de fruits du verger (pommes, poires, cerises, olives, raisins…). Selon la disponibilité locale la Grive draine mangera des graines de houx, ou bien de gui et cornouiller.
A la fin de l’hiver et au printemps, à une période où les autres fruits ont disparus, les baies du lierre ou du genevrier sont une source de nourriture providentielle.
Le régime de la Grive draine passe donc d’une nourriture faite d’invertébrés au printemps
En hiver cette espèce peut défendre farouchement son territoire de nourriture pour conserver ses réserves de graines de houx ou de baies de gui.
Quand la neige recouvre le sol, elle se rabat sur les baies blanches du gui. Les graines rejetées dans ses déjections forment de longs filaments collants. S’ils ont la chance de tomber sur un arbre, par exemple un peuplier, les graines germeront et donneront un nouveau plant.
Ironie de ce transit intestinal et de ces plantations de gui, la colle produite à partir de ces graines était utilisée pour attraper les grives dans des pièges à colle.
Reproduction: dès mars la grive cherche une branche horizontale d’un arbre pour y construire son nid, généralement à une hauteur minimale de 2 à
Statistique : en Pologne sur 22 nids, la hauteur moyenne était de 9.5 m et allait de 1 à
En Finlande la hauteur moyenne est de
La hauteur est choisie pas trop basse pour éviter les chats et pas trop élevée pour éviter les autres prédateurs, les corvidés et les pies en particulier. Elle a une préférence pour le lierre, le houx, et l’aubépine. Cette liane et ces arbustes offrent des abris et défenses naturelles.
En début de saison sa préférence va à un arbre au feuillage persistant comme un résineux pour cacher son nid. Ensuite elle choisit des arbres à feuilles caduques.
La période de nidification varie de mi-mars à début juillet. Elle peut s’élargir en fonction de l’habitat. En zone urbaine plus chaude, des pontes ont été observées dès janvier !
Le mâle est monogame et défend son territoire dès son installation.
Un nid fait avec de la boue
Tous les nids du genre turdus se ressemblent, en particulier avec la présence de boue comme liant.
Il est construit en 4 et 13 jours, par la femelle toute seule. Certains observateurs pensent que le mâle l’aide un peu. Le nid en forme de coupe est structuré avec des brindilles dont la taille varie avec celle de la grive. L’intérieur est garni d’un mélange de boue, d’herbes et duvet sauf pour la Grive musicienne qui réalise un vrai moulage de la boue. Les différences entre espèces se voient jusque dans la construction et la taille du nid.
Le nid de la Grive draine en forme de grande coupe.a un diamètre extérieur de
Notre grive du jour pond en moyenne 4 œufs (de 2 à 6 œufs), en France mais la moyenne tombe à 3.5 œufs au Maroc. Ses œufs sont de couleur variable, du bleu clair au blanc, tachetés finement de noir. La masse de chaque œuf varie en fonction de la disponibilité des vers et du nombre d’œufs de la nichée. Le poids des œufs diminue quand les nids d’une même espèce sont nombreux sur un territoire donné. La nature est sage et optimise les couvées pour un maximum de réussite.
Après 2 semaines, les petits sortent des œufs et les 2 parents les nourrissent par d'incessantes allées et venues pendant 15 jours. Ils privilégient de la nourriture carnée pour leurs oisillons.
En Angleterre, les oisillons de cette grive ont un menu composé de 19% de diptères (mouches), 17% de coléoptères, 15% de vers de terre et 10% de limaces. Les premiers jours, ils reçoivent une alimentation molle, larves, chenilles, vers. Plus âgés des coléoptères.
Sortis du nid, les parents continuent à les nourrir.
Habitat : elle affectionne les milieux ouverts ou semi-ouverts où elle peut chercher sa nourriture au sol. Elle se reproduit quelquefois dans les parcs et jardins ainsi que dans les bosquets aux abords des agglomérations. La Grive draine apprécie la présence de forêts non compactes, de forêts âgées, des plantations de résineux, des lisières et ripisylves jusqu’à 2000 m. En altitude, elle recherche la proximité de forêts et prairies humides ou marais. Elle est absente des zones cultivées.
En hiver elle recherche la proximité d’arbres nourriciers porteurs de gui dont elle est friande.
Elle est présente du nord de l’Afrique au grand Nord et jusqu’à l’extrémité de la Mongolie.
Pour se faire une idée. La densité de population de Grive draine atteint 1.4 couple pour 10 hectares en Haute-Savoie et 0.7 le long du littoral dans la Somme mais 4.7 couples pour 10 hectares en Espagne dans la Sierra de Cazorla. (1)
Migration : C’est un migrateur partiel (sauf en ville). Comme les merles, une partie des grives migre dès le début de l’automne, de mi septembre à mi-octobre en direction du sud ou du sud-ouest jusqu’en Afrique du Nord. La migration peut se faire en groupe et rassembler plusieurs centaines d’individus. Les mâles reviennent dès le mois de février dans nos régions.
Prédateurs : Parmi les prédateurs on trouve le chat et l’écureuil qui prédate de nombreux œufs, ainsi que d’autres oiseaux tels le hibou et surtout les corvidés comme la pie qui s’attaque aux petits.
La mortalité des jeunes atteint 60% la première année.
Statut et protection: le nombre actuel de grives est assez important et ne pose pas d'inquiétude. Les effectifs ont tout de même chuté de plus de 70% dans certains pays tel que l’Angleterre qui a étudié la dynamique de leur population. Le développement de l’agriculture intensive avec ses pesticides et la disparition des haies en est la cause principale.
En plus cet oiseau figure sur la liste des espèces chassables en France. Il reste fortement chassé sur ses parcours de migration à l’automne et sur place en hiver chez nous mais aussi dans d’autres pays autour de la Méditerranée
Article illustré par notre collègue photographe naturaliste, Claudie Stenger dont vous avez déjà pu apprécier les photos sur notre blog. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Roland Gissinger Bernard Weinzaepflen (Anab)
synthèse de sites internet et livres
Bibliographie :
1- La référence est le livre de Georges Oslo, Grives et merles chez Delachaux et Niestlé