Nom scientifique : Aceria acericampestris (Nalepa, 1922)

Date et lieu de l’observation: 12 septembre à Zetting, orée d’une forêt de feuillus sur feuille d’érable champêtre (Acer campestre)

À qui sait les observer, les feuilles des plantes ont souvent une histoire à nous raconter, des observations à nous livrer. À travers plusieurs épisodes je vous ai emmenés à la découverte de plusieurs curiosités naturalisées sur des feuilles d’arbres et vous propose de changer votre regard sur la feuille.

Après un champignon au cycle étonnant sur une feuille d’érable, des galles sur une feuille de chêne, partons à la rencontre d’un acarien responsable de galles sur une feuille d’érable champêtre, une galle du genre Aceria.

Galles d'Aceria acericampestris -Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Galles d'Aceria acericampestris -Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Les Aceria sont des acariens de la famille des Eriophyidae. Ces acariens vivent sous l’écorce en hiver jusqu’à ce que les premières feuilles sortent. Ils piquent ensuite la feuille pour y pondre une larve et la larve qui en découle induit la fabrication de cette excroissance protectrice. Cette galle est sans danger pour l’arbre.

galles d'Aceria acericampestris -Photos Gilles Weiskircher (Anab)

galles d'Aceria acericampestris -Photos Gilles Weiskircher (Anab)

galles d'Aceria acericampestris -Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Comment se forme une galle ?

On connaît encore mal les mécanismes de formation d’une galle. On sait qu’au point de piqûre se déroule une modification du taux des hormones de la plante, dont notamment l’auxine qui va alors stimuler la multiplication cellulaire (la mérèse) et l’élongation des cellules (l’auxèse). Ces cellules végétales néoformées paradoxalement ne seront pas toxiques pour la larve, mais au contraire nourricieres. Et en effet, les modifications tissulaires induites chez le végétal sont encore plus subtiles puisque le métabolisme de ces cellules va être détourné pour nourrir la larve. Sans rentrer dans des considérations biochimiques, la larve manipule à son avantage le métabolisme des cellules de la galle pour d’une part mettre le système immunitaire du tissu végétal au repos, d’autre part produire de la nourriture pour la larve.

Aceria acericampestris - loupe binoculaire x20- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Aceria acericampestris - loupe binoculaire x20- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

L’inquilinisme

On a vu que la larve se sert déjà du corps végétal comme d’un abri. Cette interaction biologique est appelée l’inquilinisme. Mais ce n’est pas un inquilinisme strict, qui est plutôt rare, mais également un parasitisme, avec une influence négative pour la plante (mais pas fatale rappelons le). L’inquilinisme, qui est donc une association entre deux espèces uniquement basée sur une exigence spatiale, est souvent la première étape avant le parasitisme.

En conclusion

Les interactions en biologie, dont font également partie les galles, sont un sujet complexe à appréhender mais vraiment passionnant. Et dans cette chaîne complexe, intégratrice et intégrée, notre espèce n’en est qu’un maillon. Il est urgent de se rappeler alors qu’on est responsable d’une 6ᵉ extinction massive du vivant.

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

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