La Véronique chouette, Cresson de cheval, Véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga)
Publié le 4 Septembre 2022
Voici une plante qui présente encore une belle floraison à cette date dans les lieux restés humides, de plus en plus rares c’est vrai. Saviez-vous qu’elle fait partie des nombreuses véroniques de notre flore locale ?
Roland
Nom scientifique : Veronica beccabunga L., 1753
Origine du nom: vient de « Veronica » car cette plante est dédiée à Sainte Véronique (la fleur évoquerait un visage) et du germain « beccacunga », « bach » était le ruisseau et « bungen », l’obstacle car cette plante est souvent abondante dans les ruisseaux. D’autres sources pensent que cela vient du danois « bekkebunge », bouquet de ruisseau.
Autres noms communs : Salade de chouette
Nom commun allemand/ dialecte : Bachbunge, Bach-Ehrenpreis
Nom anglais : Brooklime, European speedwell
Date de l’observation: 27 août à Voellerdingen (67)
Famille de plantes : celle des Plantaginacées, qui comprend les plantains, les digitales, les véroniques et les gueules de loup du jardin. Elles étaient classées autrefois dans la famille des scrofulariacées. Ce changement provient des progrès en génétique et des analyses ADN. Les plantes sont regroupées au sein des familles en raison de leur ordre de filiation et proximité génétique et non plus en raison de leur ressemblance quelque fois accidentelle.
A noter que dans bon nombre de flores les véroniques figurent encore dans la famille des scrofulariacées.
Attention, il existe plus de 20 types de véroniques dans notre région, les confusions entre les espèces sont légions.
Autrefois cette famille des Plantaginacées, ne comportait que 3 genres. Elle en comprend à présent plus de 200, regroupant 2000 espèces de par le monde. La majorité d’entre elles sont des herbes et plantes aquatiques et se situent dans les zones tempérées.
La famille n’est pas homogène si bien qu’il est difficile de donner des critères « familiaux ».
La plupart des genres ont une fleur de symétrie bilatérale, souvent d’ordre 4 (4 pétales, 4 sépales), d’autres ont des symétries d’ordre 5 à 8.
Elles possèdent deux grandes étamines et 2 petites ou seulement 2 étamines comme les véroniques. Le fruit est une capsule qui se divise selon des cloisons.
Description: plante haute, vivace et glabre des milieux très humides
Hauteur: 30 à 60 cm
Tige: rougeâtre, creuse et cylindrique, rampante ou dressée, radicante grâce à son rhizome.
Feuilles: glabres, opposées, elliptiques, dentées de manière irrégulière, luisantes et légèrement charnues. Elles sont vert vif ou foncé et possèdent un court pétiole.
Fruits et fleurs de Véronique chouette, Cresson de cheval, Véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga)
Floraison: mai à septembre.
Fleurs: groupées en racèmes, elles ont de petites corolles (5 à 10 mm) couleur bleu vif à violet et blancs à la base. La fleur de symétrie bilatérale, a une forme typique à 4 lobes presque égaux. (Comme pour beaucoup de véroniques, le pétale inférieur est plus étroit que les trois autres).
Les fleurs sont assez nombreuses, de 20 à 25 et groupées en racèmes sur un long pédoncule émergeant à l’aisselle des feuilles.
La fleur a deux étamines aux anthères bleues et un ovaire supère à deux carpelles multi-ovulés prolongé par un style de 1.8 mm.
Le calice possède 4 sépales.
La pollinisation des fleurs est l’œuvre des diptères (zoogamie par des mouches) comme de petits syrphes, mais cette plante peut aussi s’autopolliniser.
Fruits : après fécondation par le grain de pollen, la plante va former un fruit très typique, une capsule en forme de cœur, soit deux lobes accolés avec une faible échancrure au milieu. Le style persiste après la fécondation (=accrescent). Il n’émerge pas de l’échancrure de la capsule glabre qui mesure 3 à 4 mm de large. Cette capsule va libérer 2 à 4 graines sous l’action de l’eau de pluie. Elles vont coloniser les environs, entrainées par le cours d’eau et disséminées par les oiseaux aquatiques en raison de leur très petite taille, moins de 0.6 mm, et poids 0.06 mg.
Habitat : ces véroniques préfèrent les endroits mouillés de basse altitude. On la trouve dans les fossés, petits ruisseaux, suintements et sources. Une partie de la plante est souvent sous l’eau. Elle est présente dans toute l’Europe, Asie, Nord de l’Afrique jusqu’à 2500 m.
Confusion : certaines véroniques se ressemblent beaucoup. A moins de bien les connaitre, une flore précise est recommandée. Celle-ci en particulier, est bien plus facile à identifier. Elle a toujours les pieds dans l’eau, des feuilles en ellipse, très vertes et des fleurs bleu vif. C’est quasi impossible de se tromper.
Les 3 sous-espèces sont plus difficiles à différentier.
Ne pas confondre Cresson de cheval et Cresson des fontaines, une brassicacée, comme je l’ai déjà entendu dans une sortie guidée par un ethnobotaniste. Elles n’ont rien à voir.
Protection : plante commune, sans protection légale
Utilité alimentaire:
Les feuilles étaient utilisées crues pour faire de la salade, ou cuites pour comme légume. Attention, toutes les plantes du bord de l’eau peuvent être contaminées par la Douve du foie ou des germes pathogènes de type leptospirose transmise par les rats et autres rongeurs. Ne jamais les consommer crues.
Utilisation médicinale :
Dans la médecine traditionnelle cette Véronique chouette était l’une des 3 plantes antiscorbutiques. Il s’est avéré qu’elle n’avait aucune propriété de ce type.
Wikiphyto ne fait pas mention des véroniques. C’est un signe que les propriétés médicales ne sont pas attestées par des études sérieuses.
Astringente, amère, et stomachique = facilite la digestion
Elles possèdent des propriétés cicatrisantes mais la présence d’un hétéroside, rend son utilisation délicate.
Celui-ci, l’aucuboside, est un principe actif secrété par certaines plantes. Il a des propriétés anti-inflammatoires, antiallergiques, antimicrobiennes, antivirales. Il perd ses propriétés s’il est chauffé
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Croyances et mythes :
Avec ses deux étamines la fleur de Véronique simulerait un visage et ses deux yeux. Voici très longtemps, on y voyait l’empreinte du visage du Christ sur le voile de sainte Véronique.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab) et relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Autres véroniques déjà présentées sur notre blog :
Véronique des champs, Velvote sauvage |
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Veronica beccabunga |
Véronique chouette, Cresson de cheval, Véronique des ruisseaux |
Véronique petit chêne, Fausse Germandrée |
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Véronique à feuilles de lierre |
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Véronique de Perse |
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Véronique à feuilles de serpolet |
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Véronique à tige nue |
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Pour tout savoir sur les véroniques, lisez l’article très intéressant de notre collègue Gilles paru sur Telabotanica